Salima Koné, Head of Talent Acquisition chez Publicis Media, travaille dans le recrutement depuis 15 ans. Elle est passée en classe de MBA Ressources Humaines pour se présenter aux étudiants en leur donnant des techniques et des outils très concrets pour une formation de responsable du recrutement. Découvrez son témoignage.

De Consultant Junior à Head of Talent Acquisition

Pouvez-vous présenter votre parcours ?

J’ai suivi un parcours en deux temps. J’ai tout d’abord passé 8 ans dans un cabinet de recrutement où j’ai gravi les échelons un à un : de consultant junior à business manager. Ensuite, je me suis lancée dans l’entrepreneuriat pendant deux ans. J’ai fait du recrutement pour d’anciens clients et j’ai proposé beaucoup de formations en management et en recrutement. Je me suis alors spécialisée dans des techniques d’assessment.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette spécialisation ?

Les techniques d’assessment sont des techniques d’évaluation de candidat. Je me suis spécialisée non pas forcément sur le recrutement de nouveaux candidats, mais plutôt sur les situations de mobilités internes. Lors des process de recrutement en interne, on peut faire appel à un cabinet en externe pour amener de l’objectivité dans l’évaluation. Cela permet de déterminer qui, entre un candidat interne ou un candidat externe, peut soit être promu soit prendre le poste.

Qu’avez-vous fait après cette période ?

Lorsque j’étais à mon compte, j’ai eu comme client Starcom, du groupe Publicis Media. C’est pour cela que j’ai finalement rejoint Publicis Media en freelance, puis en CDI, sur un poste hybride qui me permettait de relier mes deux compétences clés : le recrutement et le coaching des managers. Je suis ensuite devenue DRH d’un cabinet de recrutement avant de rejoindre une startup franco-américaine. En parallèle, Publicis Media continuait à me contacter annuellement pour que je revienne.

Quelle était la différence chez Publicis Media à votre retour ?

Je travaillais au départ chez « Publicis Starcom » en tant que Culture Manager, et là, on m’a confié l’intégralité du recrutement chez Publicis Media. Quand j’étais partie, nous étions 600, à mon retour ils étaient 900, et aujourd’hui nous sommes 1200. Nous avons énormément recruté l’année dernière.

Intervention à MBway

Une présentation sous forme d'interview

Comment s’est passé votre intervention mercredi dernier avec nos étudiants en première année de Master Ressources Humaines en alternance ?

Mon intervention s’est déroulée en plusieurs temps. Tout d’abord, plutôt que de me présenter, j’ai pris le parti de me faire interviewer par les étudiants, comme s’il s’agissait d’un recrutement. J’ai constitué des équipes et je leur ai proposé de me poser toutes les questions de leur choix, privées comme professionnelles. C’était une interview sans filtre.

Quelles questions vous ont-ils posé ?

Ils sont restés très raisonnables en me posant des questions assez classiques : mon parcours académique, ce que j’aimais dans mon métier... Une seule équipe m’a demandé combien j’étais payée, je leur ai répondu. Le but était de s’immerger immédiatement dans le recrutement.

Cela nous a permis, dans un second temps, d’analyser leurs techniques de questionnement pour entrer dans le vif du métier.

Le métier de recruteur en 2023

Pouvez-vous nous en dire plus sur les rôles de recruteur ?

Nous avons parcouru avec les étudiants différentes questions : qu’est-ce que le métier de recruteur aujourd’hui et quel est son ou ses rôles. Beaucoup d’étudiants m’ont parlé de sourcing, mais le métier est beaucoup plus dense que ça.

Etre un recruteur aujourd'hui, c'est aussi bien faire du sourcing (recherches de candidats), du coaching (formation des candidats et des managers), de la data analyse (pouvoir justifier de l’impact de chaque action), maîtriser les réseaux sociaux, être un influenceur et avoir un personal branding hyper fort. Comme je le dis à mes équipes, le sourcing c’est 25% du travail lorsqu’on débute, mais aujourd’hui pour moi cela ne représente même pas 5%.

A quoi cette diminution de temps dédié au sourcing est-elle due ?

J’ai développé un réseau suffisamment important pour ne plus avoir besoin de sourcer. Il faut être capable de créer un réseau efficace en se faisant connaître de la communauté dans laquelle on recrute.

De quoi avez-vous parlé ensuite ?

Nous avons ensuite vu avec les étudiants les compétences clés à avoir en tant que recruteur : la gestion du stress, l’écoute pour accompagner les deux partis, savoir négocier mais pas uniquement le salaire, puisqu'il faut aussi savoir négocier du temps pour réaliser des entretiens. Nous avons également parlé du closing : une étape clé. Une fois que tout le travail a été fait en amont (recherches, communication sur Linkedin, entretiens, discussions avec le manager), il faut que le candidat accepte de signer en bas de la page.

En dernière étape de mon intervention, je leur ai présenté un outil : une scorecard.

La scorecard, un outil concret

Qu’est-ce qu'une scorecard ?

Une scorecard, c’est une grille d’évaluation, une grille d’entretien. Ce qui est intéressant est comment on la construit. Je leur ai montré à quoi cette grille sert, comment en créer une pour travailler plus efficacement avec toutes les parties prenantes dans un recrutement. Cet outil aide à prendre une décision objective en combattant tous les biais cognitifs qu’on a tous, aussi bien les recruteurs que les managers.

Comment les étudiants ont-ils réagi face à la découverte de cet outil ?

La plupart des étudiants m’ont dit qu’ils ne travaillaient pas avec cet outil. Ils m’ont demandé s’il était possible que je leur envoie ma scorecard vierge pour pouvoir l’implémenter dans leur entreprise. L’objectif était atteint ! Ils ont ainsi pu repartir avec quelque chose de concret qui leur servira dans leur travail.

Des échanges enrichissants

Les étudiants avaient-ils l’air intéressés pendant votre intervention ?

Oui, ils étaient captivés et ne voulaient plus partir du cours ! Ils m’ont partagé leur témoignage et nous nous sommes connectés sur LinkedIn suite à nos échanges : un bon moyen d’enrichir nos réseaux respectifs, surtout que je suis à la recherche de deux alternants en ce moment. J'ai d'ailleurs découvert peu avant mon intervention que l’une de mes collaboratrices était une de vos anciennes élèves. Elle avait été embauchée chez Publicis Media suite à une alternance en master RH dans votre école.

Pour finir, quel était votre ressenti sur cette journée ?

Même s’ils ne connaissaient qu’un pan du recrutement, je trouve que les étudiants avaient de bons réflexes. Ils savent ce qu’ils veulent et l’environnement dans lequel ils veulent travailler. En conclusion, j’ai été agréablement surprise et j’espère avoir pu les inspirer. Personnellement, j’ai découvert ce métier un peu par hasard et j’ai dû faire mes armes seule. Si j’ai pu leur faire gagner un peu de temps, l’objectif est atteint. J’ai passé un agréable moment, merci de m’avoir invitée.

Merci d’avoir donné de votre temps !

Pour retrouver Salima Koné, nous vous invitons à découvrir ses passages dans les podcasts INATTENDUS sur Ausha ou bien dans le podcast RAISE by Mobiskill sur Spotify.

Si vous êtes intéressé(e) à l’idée de faire des rencontres de professionnels comme Salima Koné dans le cadre de vos études, découvrez en plus sur notre formation au management des ressources humaines !